À Rennes, face à l’insécurité, les agents territoriaux manifestent « avant qu’un drame n’arrive »
À l’appel de plusieurs syndicats, une cinquantaine d’agents territoriaux se sont rassemblés, ce mardi 14 mai 2024, devant l’hôtel de Rennes métropole. Ils réclament des mesures alors que l’insécurité grandit lors de leurs interventions dans les quartiers prioritaires.
Ils sont jardiniers municipaux, agents de la propreté, personnels en charge des équipements sportifs, etc. Mardi 14 mai 2024, à l’heure de midi, une cinquantaine d’entre eux s’est rassemblée avenue Henri-Fréville, devant l’hôtel de Rennes métropole, pour former une chaîne humaine et un grand SOS afin d’attirer l’attention des élus.
Depuis plusieurs semaines déjà, ils dénoncent le climat d’insécurité qui règne lorsqu’ils interviennent dans les quartiers de la politique de la ville (le Blosne, Villejean, les Cloteaux-Champs-Manceaux, Maurepas et Cleunay). « On veut alerter avant qu’un drame n’arrive, explique Stéphane Morandeau, secrétaire du syndicat Sud. À cause du trafic de drogue, on ne peut plus travailler sereinement. »
« On se fait traiter de balance »
« Beaucoup de collègues sont filmés, menacés par les dealers alors qu’ils sont là pour accomplir une mission de service public. » Dernier incident en date, lundi, place de Serbie. Un agent du service propreté « s’est fait traiter de balance, comme s’il travaillait pour la police ». Quelques jours auparavant, place du Banat, des trafiquants avaient retiré la caméra de recul d’une balayeuse…
Lundi, nouvel incident, cette fois place d’Italie. Un agent vidait les corbeilles « lorsqu’un homme est arrivé en face de lui avec son sabre et il lui a dit : « Qu’est-ce que tu as à me regarder toi ? » L’agent l’a ignoré et a continué à vider sa corbeille. L’homme était derrière lui avec son sabre et faisait des gestes de samouraï. Le collègue a remis la poubelle en place et a eu très peur. »
Une assemblée générale vendredi
Les syndicats SUD et CGT réclament une reconnaissance financière « avec une prime de sujétion de 80 € par mois », des renforts, un travail en binôme, que les forces de l’ordre arrêtent d’échanger, sur le terrain, avec les agents, « ce qui les met en situation délicate ». Une assemblée générale se tiendra en fin de semaine, vendredi 17 mai, pour décider de la suite à donner au mouvement.
De son côté, le syndicat Force Ouvrière juge la situation « intolérable ». Il a déposé un préavis de grève à compter de mardi 14 mai « et pour une durée illimitée ». Le syndicat propose notamment « un contrôle quotidien, par les forces de l’ordre, des points de deal afin de sécuriser les agents, l’installation de caméra de surveillance devant chaque bâtiment public situé dans les quartiers les plus sensibles ».
Les syndicats seront reçus
Dans un communiqué, la Ville et la Métropole prennent acte de la mobilisation syndicale. « L’appel à une première journée de mobilisation, ce mardi 14 mai, est pour l’instant peu suivi, avec une cinquantaine de grévistes recensés sur les 6 500 agents que comptent nos collectivités. L’impact sur le fonctionnement des services publics est donc très limité. »
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Pour autant, « l’administration a exprimé sa préoccupation et celle des élus face aux difficultés rapportées par les agents dans certains secteurs ». L’ensemble des organisations syndicales seront reçues « dans les prochains jours pour évoquer les modalités d’intervention des équipes sur le terrain, dans les secteurs où les agents ont rencontré des difficultés », ajoute la collectivité, en rappelant que des formations ont été mises en place, ainsi qu’un plan de prévention des incivilités et des agressions.