Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a mis en garde mardi le futur exécutif sur un passage en force sur la réforme des retraites défendue par Emmanuel Macron, reconduit dimanche à la présidence de la République à l’issue du second tour.
Interrogé lundi sur le projet de report progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, avec une clause de revoyure à 64 ans, qui s’annonce comme l’un des chantiers majeurs du nouveau quinquennat, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré qu’il ne pouvait pas donner la garantie » que le gouvernement n’utiliserait pas le 49-3 pour faire passer cette réforme, même s’il ne le « souhaitait pas » et qu’il souhaitait privilégier le dialogue.
« Il faut écouter quand tous les syndicats ont contre une réforme »
En dépit de la « prudence » revendiquée par le locataire de Bercy, qui a rappelé qu’il était susceptible de ne plus être au gouvernement « d’ici quelques jours », ces propos ont fait réagir le secrétaire général de la CGT. « Ça c’est le contraire du dialogue et de la concertation, c’est un passage en force. C’est ce qu’on a déjà connu et donc toutes les belles paroles elles se résument dans ce propos du ministre de l’Economie, a-t-il dit sur RMC. M. Macron parle de concertation, de dialogue (…) et puis dès qu’on est au pied du mur on dit on passera en force, fini la concertation, fini le dialogue », a-t-il déploré en ajoutant que c’est ce qu’on avait déjà connu sur la précédente réforme. « Il faut écouter: quand tous les syndicats dans ce pays – et c’est rare – sont contre une réforme ça mérite de prêter l’oreille », a-t-il insisté.
Une réforme jugée « indispensable » par Macron
Emmanuel Macron s’est déclaré ouvert à la discussion sur son projet de réforme des retraites au tout début de la campagne d’entre-deux-tours, en expliquant qu’une telle réforme était indispensable pour permettre notamment de financer la dépendance et d’instaurer comme il le souhaite un niveau plancher des retraites, à 1.100 euros pour une carrière complète. Le chef de l’Etat avait défendu lors de la campagne de 2017 une réforme des retraites visant à instaurer un système universel et à supprimer les régimes spéciaux mais ce projet, qui a entraîné un mouvement social d’ampleur fin 2019-début 2020, a été reporté sine die au moment de la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de COVID-19, avant d’être définitivement abandonné. Face à l’enlisement de l’examen du projet de loi à l’Assemblée – ralenti par le dépôt de dizaines de milliers d’amendements de l’opposition – le gouvernement d’Edouard Philippe avait annoncé en février 2020 son intention de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour valider le texte sans vote. Cet article permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte, lequel est considéré comme adopté en l’absence de censure de l’exécutif.