Le président sortant Emmanuel Macron a annoncé, s’il est réélu, vouloir porter l’âge de la retraite à 65 ans et supprimer les régimes spéciaux.
De nombreux salariés se sont mobilisés contre la réforme des retraites avec la CGT et d’autres organisations syndicales.
« Sans cela et la pandémie qui a suivi, cette réforme serait passée », commente Sandrine Mourey, responsable confédérale et membre du collectif confédéral retraites.
En réaction aux annonces du candidat Macron, elle dénonce un projet de réforme « purement dogmatique », qui ne tient pas compte des réalités sociales et économiques.
La volonté de reculer l’âge de départ en retraite ne peut pas se justifier par un manque d’argent.
Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a expliqué récemment qu’il était tout à fait possible de financer les départs en retraite à 62 ans après 43 annuités, comme c’est la règle actuellement.
Cette réforme ne serait pas adaptée aux caractéristiques actuelles de l’emploi des seniors. Aujourd’hui, la moitié des salariés n’est plus dans l’emploi à 60 ans.
En d’autres termes, la moitié des actifs sont déjà sortis du circuit de l’emploi au moment où ils font valoir leurs droits à la retraite.
Toutes ces personnes encore en âge de travailler sont au chômage, en préretraite, en invalidité.
Certaines survivent grâce aux minima sociaux. « Beaucoup d’entreprises virent des salariés à partir de 50 ans, parce qu’ils sont cassés par le travail ou qu’on estime qu’ils ne sont plus assez productifs. Plutôt que de s’attaquer à ce problème, M. Macron veut faire travailler les gens plus longtemps. »
La France est l’un des pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) où le taux d’emploi des plus de 50 ans est le plus faible : il est de 31 % pour les 60-64 ans, contre 60 % pour la même tranche d’âge en Allemagne.
Un argument souvent mis en avant pour reculer l’âge de la retraite est l’allongement de l’espérance de vie. Mais « si on vit plus longtemps, c’est justement parce qu’il y a eu des avancées sociales, que l’on travaille moins longtemps, que le temps de travail a été réduit ! » argumente Sandrine Mourey.
L’espérance de vie sans incapacité est aujourd’hui de 63,4 ans pour les hommes et de 64,2 ans pour les femmes. « Cotiser toute sa vie sans pouvoir profiter de sa retraite, c’est profondément injuste. » commente Sandrine Mourey.
La CGT défend un départ en retraite à 60 ans, avec un niveau de pension qui ne soit pas inférieur à 75 % du revenu.
Il devrait être à nouveau calculé sur les dix meilleures années de salaire. Depuis que ce ne sont plus les 10 meilleures années de salaire, mais les 25 meilleures qui sont prises en compte pour le calcul de la retraite, le montant des pensions a baissé pour les retraités qui ont eu des périodes de chômage, d’arrêt maladie, de congés maternité.
Pour la CGT, il faut arrêter les exonérations de cotisations et augmenter les salaires, notamment ceux des femmes, encore inférieurs à ceux des hommes pour des métiers qui demandent des compétences équivalentes.
Ce rattrapage sera source de nouvelles cotisations. Les régimes spéciaux, qui ont l’avantage de reconnaître la pénibilité du travail effectué, doivent être conservés.